Plus de 240 000 avortements en France en 2023
En 2023, 243 600 interruptions volontaires de grossesse (IVG) ont été recensées en France, selon la DREES (Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques). Ce chiffre représente une hausse d’environ 8600 IVG par rapport à 2022.
Le ratio d’avortement (nombre d'IVG rapporté au nombre de naissances) atteint également un nouveau record, en raison de l’augmentation des IVG, mais aussi de la baisse des naissances. En 2023, ce ratio s’élève à 0,34, ce qui signifie qu’il y a eu 34 IVG pour 100 naissances vivantes.
Des disparités régionales marquées
Le taux de recours à l’IVG continue de progresser en 2023 : on compte désormais 16,8 IVG pour 1000 femmes âgées de 15 à 49 ans (soit 16,8 ‰). Ce taux varie fortement d’une région à l’autre :
- Il est particulièrement élevé dans les départements et régions d’Outre-Mer (DROM), où il atteint 31,2‰.
- En métropole, les taux les plus élevés sont observés en Île-de-France et dans le Sud-Est.
Évolution des pratiques
Au début des années 2000, toutes les IVG étaient réalisées en établissement de santé, avec près de 60 % effectuées par méthode chirurgicale. Au fil des années, la pratique des IVG a été autorisée en cabinet libéral, puis en centre de santé et centre de santé sexuelle. Depuis 2019, les sage-femmes peuvent également pratiquer des IVG dans leur cabinet.
Ces évolutions ont entrainé une modification des pratiques :
- En 2023, 41 % des IVG ont lieu hors établissement de santé.
- Les IVG médicamenteuses représentent désormais 79 % de toutes les IVG, contre 21 % pour les IVG chirurgicales.
Contexte : Qui sont les femmes qui envisagent un avortement ?
Que révèlent ces chiffres ? Quel est le profil d’une femme qui envisage une IVG ?
Pour mieux comprendre, observons le travail de conseil de profemina.org. Profemina est un service de conseil international, indépendant et hautement qualifié, dédié aux femmes enceintes en situation difficile. Cette organisation accompagne des femmes qui, comme Sarah*, traversent un conflit intérieur par rapport à leur grossesse.
Sarah a 26 ans, elle n’a pas encore d’enfants et est célibataire lorsqu’elle apprend qu’elle est enceinte. Cette grossesse est inattendue et arrive à un moment peu opportun : elle avait d’autres projets en tête, comme voyager avec son compagnon et se concentrer sur sa carrière. En remplissant un test en ligne sur le site de Profemina, elle découvre qu’elle est à 3 semaines de grossesse. Elle se sent alors complètement perdue. Sa situation actuelle ne lui semble pas compatible avec l’arrivée d’un enfant, mais elle ne sait pas non plus comment elle vivrait une IVG.
Sarah représente le profil « typique » d’une femme confrontée à une grossesse imprévue. Elle correspond à la moyenne des 123 456 femmes qui ont été accompagnée par Profemina en 2022 dans les pays germanophones, que ce soit grâce au coaching en ligne ou bien par un accompagnement individuel, par écrit, par téléphone ou en présentiel. Comme beaucoup d’autres, elle ressent un véritable conflit intérieur par rapport à sa grossesse. En cherchant sur internet des réponses à ses questions concernant la grossesse et l’avortement, elle a découvert Profemina et a décidé de faire appel à ses services.
En raison du nombre important de femmes accompagnées et à l’expertise des conseillères Profemina, différentes données démographiques et sociales ont pu être recueillies. Leurs ressentis, ainsi que les raisons pour lesquelles elles envisagent une IVG, ont été analysés et présentés dans un rapport détaillé sur les « conflits de grossesse ». Ce rapport met en lumière les raisons profondes et précises qui se cachent derrière leur questionnement par rapport à la poursuite ou non de leur grossesse.
Les raisons du « conflit intérieur » lié à la grossesse
Selon le rapport sur les « conflits de grossesse » de Profemina, voici les trois raisons les plus fréquentes pour lesquelles une femme réfléchit à un avortement :
- Raisons liées à la situation personnelle (ou « raisons biographiques ») : 41,7 %
- Épuisement : 30,5 %
- Problèmes de couple : 17,2 %.
Les raisons dites « biographiques » sont les raisons liées à la situation de vie et au moment de la grossesse. Cela concerne par exemple les situations suivantes : une jeune femme de 18 ans qui souhaite d’abord passer son bac, voyager, puis commencer ses études ; une femme de 30 ans sur le point d’obtenir une promotion professionnelle ; ou encore une femme de 40 ans qui se sent trop âgée pour accueillir un (autre) enfant.
La catégorie « épuisement » regroupe des femmes qui sont, par exemple mères célibataires et doivent tout gérer seules, ou des femmes qui ont plusieurs enfants et se sentent débordées. Cela peut avoir plusieurs raisons, comme une activité professionnelle intenses, de lourdes responsabilités familiales ou d’autres engagements rendant le quotidien difficile à gérer.
La catégorie « problèmes de couple » concerne des femmes qui indiquent que leur relation de couple est compliquée : tensions dans le couple, relation au bord de la rupture, infidélité, ou encore refus de la part du père de garder l’enfant.
Parmi les autres raisons de réfléchir à un avortement évoquées dans le rapport, on retrouve : des difficultés financières (6,7 %), des raisons médicales (3,1 %), une grossesse issue d’un viol (0,5 %), des pressions exercées par l’entourage (0,3 %).
Les décisions des femmes accompagnées par Profemina
Les raisons pour lesquelles une femme réfléchit à un avortement sont bien sûr très personnelles et varient d’une femme à l’autre. Il peut y avoir des raisons multiples qui se superposent. Parfois, ces raisons ne sont même pas connues de l’entourage proche, ou, au contraire, c’est justement cet entourage qui fait pression pour que la femme avorte, alors qu’au fond d’elle, elle ne le souhaite pas.
De nombreuses femmes enceintes en difficulté expriment leur profonde gratitude envers Profemina pour l'accompagnement bienveillant qu’elles ont reçu, car elles ont ainsi pu réfléchir à des solutions pour envisager un avenir avec l’enfant.
Les statistiques suivantes l’illustrent clairement. Voici le pourcentage de femmes qui ont finalement choisi de garder leur enfant après avoir été accompagnées par Profemina, en fonction des raisons qui les poussaient à envisager un avortement :
- 93 % des femmes qui envisageaient un avortement en raison de pressions extérieures.
- 75 % de celles qui y réfléchissaient en raison de difficultés financières.
- 74 % de celles qui y pensaient en raison de problèmes de couple.
Même face à des raisons plus personnelles, comme les raisons liées à la situation de vie, l’épuisement ou des raisons médicales, la majorité des femmes ont choisi de garder leur enfant après avoir été accompagnées par Profemina.
Cela montre à quel point un accompagnement bienveillant, qui aide la femme à réfléchir à comment ajuster sa vie pour accueillir un enfant, peut être précieux.
Au total, 67 % des femmes accompagnées par Profemina en 2022, et fait part de leur décision, ont choisi de garder leur enfant. 33 % ont décidé de recourir à une IVG.
Comment les femmes se sentent-elles après avoir pris leur décision ?
Dans le cadre d’une enquête, des femmes accompagnées par Profemina ont été interrogées sur la façon dont elles perçoivent la décision qu’elles ont prise :
- 50 % des participantes ont déclaré que leur décision avait été la bonne.
- 16 % considèrent que leur décision était la bonne, même si ce n’est pas toujours facile.
- 8 % ont exprimé des doutes quant à leur choix.
- 6 % ont affirmé regretter leur décision.
Parmi les femmes qui ont déclaré avoir pris la bonne décision, 81 % avaient fait le choix de garder leur enfant. En revanche, toutes les femmes qui ont affirmé regretter leur choix avait pris la décision d’avorter.
Aucune femme n'a regretté d’avoir choisi de garder son enfant.
![ein Diagramm, welches den Prozentsatz der Frauen anzeigt, die sagen "Es war für mich die richtige Entscheidung"](/sites/default/files/images/1000plus_Balkendiagramm_Es_war_fu%CC%88r_mich_die_richtige_Entscheidung.jpg)
![Diagramm, welches die Anzahl der Frauen veranschaulicht, die ihre Entscheidung bereuen](/sites/default/files/images/1000plus_SSK_BAlkendiagramm_Ich_bereue_meine_Entscheidung.jpg)
Le service de conseil de Profemina : plus important que jamais
Comme le montre le rapport sur les « conflits de grossesse », Profemina s’adresse aux femmes qui, après avoir appris qu’elles étaient enceintes, se retrouvent dans un conflit intérieur pour diverses raisons. Ces femmes sont en quête d’informations, de conseils et de soutien.
Profemina leur permet de prendre une décision en faveur de la vie. Et cela, même si la grande majorité des femmes enceintes (95 %) qui nous contactent ont au départ des sentiments mitigés ou se sentent désespérées.
Seules 5 % des femmes ayant rempli le « test IVG » ont indiqué qu’elles se réjouissaient de leur grossesse. Et même parmi ces 5 %, des inquiétudes persistaient, les amenant à envisager un avortement.
À la question du test IVG « Pour l’instant, je penche plutôt pour : », seules 9 % répondent « Garder l’enfant ». 46 % affirment ne pas encore savoir et 45 % déclarent pencher vers un avortement.
De nombreuses femmes ressentent une grande détresse émotionnelle ou un profond désespoir après avoir appris qu’elles étaient enceintes. Pour d’autres, la simple crainte d’être enceinte suffit à déclencher un véritable conflit intérieur. 68 % des femmes ayant rempli le test de grossesse en ligne sur profemina.org ont déclaré qu’une grossesse serait pour elle très difficile à vivre, ou qu’elles ne sauraient pas comment réagir en cas de test positif. En revanche, 31 % des femmes ayant rempli ce même test de grossesse en ligne se disaient heureuses ou ouvertes à l’idée d’une possible grossesse.
Accompagnement et soutien face au conflit intérieur de la grossesse
De nombreuses femmes, quelles que soient leurs raisons de réfléchir à un avortement, expriment leur peur de prendre la mauvaise décision. 54 % d’entre elles expliquent que l’une des raisons de garder l’enfant est la crainte de mal vivre une IVG. Cette réponse montre bien que le choix d’avorter ou non n’est pas une décision anodine.
Pourtant, la décision d’avorter peut souvent sembler plus simple que celle de garder l’enfant. Beaucoup de femmes tombées enceintes sans l’avoir désiré ne voient pas comment envisager un avenir avec un enfant. Profemina accompagne ces femmes en difficulté pour les aider à trouver un « comment », en leur ouvrant des perspectives concrètes qui leur permettent ainsi de choisir librement de poursuivre leur grossesse.
Tandis que Profemina accompagne les femmes enceintes en difficulté, 1000plus finance cet accompagnement et œuvre pour diffuser une culture de la vie et de la famille.
*Les informations personnelles ont été anonymisées pour protéger les femmes et leurs familles.
Rapport sur les « conflits de grossesse » de 2024
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